Une année de sobriété : jour 50
Janvier 2018, je me lançais pour un article dans un mois sans alcool (et sans viande), le fameux “dry january” option végétarien. “Et non, je ne passerai pas mon 1er février entre une côte de bœuf et un double whisky” concluait le papier. Trois ans et demi plus tard, me voilà reparti pour une aventure similaire, avec d’autres enjeux et d’autres motivations.
“Ce qui est pris n’est plus à prendre”, c’est toujours ce que m’a dit mon bon ami Mathieu, et approchant à grands pas de la quarantaine, je me suis dit qu’il était temps de prendre quelques résolutions. Résolution, le mot n’est pas forcément le bon, il n’est pas question ici de contrainte, mais plutôt de vivre avec ce que je pense être le “flow” du moment. Sans tomber dans un hygiénisme inquisiteur, il s’agit ici de se sentir bien, chaque jour.
Si j’ai commencé cette “année” de sobriété, c’est qu’il me semble que ce sera la norme dans quelques années, suite logique du wellness à tout va dont le pic est probablement déjà atteint aux États-Unis dans les cercles de cool kids et trentenaires modelés par Condé Nast. Bien sûr, certains diront qu’ils n’ont pas le même vin ni les mêmes démons, et que l’adderral n’a pas le même parfum qu’un verre de Bourgogne.
Ce verre de Bourgogne, je l’aime, plus nature que d’éducation, plus social que vrai pilier du quotidien. Et c’est aussi là que le “bon moment” frappe à la porte. Je crois fermement que la suite logique de l’offre de boissons n’est pas alcoolisée. Je ne parle pas de version “virgin” d’un mauvais mojito plein de sucre, je ne parle pas d’un énième soda, je parle de l’arrivée sur le marché d’amers et autres fermentations, non alcoolisés (ou à moins de 1°), qui procurent ce que rien n’avait su imiter jusque là : la gorgée.
Cette gorgée, celle qui passe doucement, une seule, qui fait durer le temps, durer le dîner, et donne du corps au conversation. Elle balbutie encore mais elle arrive, j’en suis certain. Eau gazeuse au CBD, kombucha à la myrtille, vermouth sans alcool infusé au café chez Capitale Belleville, les options sont là, loin du simple Perrier ou du triste jus de fruit.
Jour 50
À 50 jours du début de ce “défi”, l’alcool ne me manque absolument pas. Les lieux où je bois souvent l’apéro – clairement des caves à manger spécialisées dans le vin nat’ – ne me jugent pas (et ne gossip pas, car j’ai la chance qu’on ne puisse pas me demander si je suis enceinte), et j’ai déjà réussi à participer à plusieurs dîners mondains sans me dire que je manquais quelque chose. Bien sûr, une bouteille d’un cépage étonnant ou un cocktail très travaillé peut me faire de l’œil, mais je n’ai pas du tout une petite voix sur l’épaule qui me pousse à la tentation.
Côté bien être, aucune surprise. Même si je ne suis plus fêtard depuis plusieurs années, la sobriété le week-end a forcément ses lendemains moins embrumés. Bien sûr, un an n’est qu’un objectif pour le nerd que je suis, un peu comme le titre de cette newsletter prétexte à graver ce challenge dans l’internet. Si vous me croisez un verre de vin à la main c’est que je ne l’aurai pas tenu, rien de bien grave, rien n’est perpétuel, un peu comme les mecs en trottinette qui pensent encore que Clubhouse va révolutionner le monde.
Merci d’avoir lu PA:.
On se revoit bientôt, c’est gratos alors passez le mot à vos potos.